Et si l’avenir d’Internet se décidait (aussi) à Gênes ? Là-bas, deux camps s’affrontent, certes, sur des conceptions politiques, économiques et philosophiques radicalement différentes. Mais aussi sur deux visions du Net (et de son utilisation !) totalement opposées.
D’un côté, les ...tats paniqués par cette Toile tentaculaire qui remet en cause leurs frontières, leur passé, leurs lois, et ridiculise leur police. Sur le même bord, les multinationales qui ont compris comment marche le jeu numérique et parviennent de mieux en mieux à l’orienter. Depuis quelques mois, les ...tats et les multinationales dansent joue contre joue.
De l’autre côté, pour faire court, les militants de l’anti-mondialisation. Les cyber-dissidents affirment haut et fort que le seul intérêt d’Internet tient en ces mots : la possibilité de s’exprimer. Ils sont de la génération des listes de diffusion, des mails et de la cryptographie. Ce sont leurs seules armes, mais elles sont puissantes.
"Frivolité stratégique"
Dans le combat qui se mène à Gênes, les ...tats auraient, semble-t-il, décidé d’utiliser une artillerie d’un autre âge : des hélicos contre la poésie ; des policiers armés contre la jeunesse et l’humour ; des systèmes pour brouiller les téléphones portables, accusés (sic) de servir à déclencher des bombes à distance...
Alors, les antimondialistes vont redoubler de vigueur (lire le reportage de notre envoyé spécial à Gênes). Entre autres, par une opération baptisée "frivolité stratégique" : plusieurs centaines de manifestants se lanceront, armés de seuls slogans comiques, sur les policiers. Et puis, par un autre acte redonnant (symboliquement) vie à la victoire d’Archimède contre la flotte romaine : des centaines d’opposants braqueront des petits miroirs vers le bateau du G8, ancré dans le port de Gênes. Le bon vieux soleil pour aveugler les participants du sommet. Des petits réflecteurs contre la réunion phare de l’économie toute puissante...
Et, pour faire savoir tout cela, les opposants utiliseront, bien sûr, Internet. Car, personne, encore, ne peut contrôler la Toile. Sur leurs sites, les militants le rappelleront simplement. Ce n’est qu’un combat, reprenons au début : la guerre commence aujourd’hui.