Les autorités allemandes ont interdit à Bernd Bruns d’inscrire l’adresse de son site... sur la tombe de sa mère. Ce n’est pas le premier coup d’éclat mortuaire de ce " rebelle des cimetières ".
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L’histoire commence comme un de ces faits divers qui fait le bonheur des rubriques " Insolites " des journaux : à Gladbeck (près de Düsseldorf), les autorités allemandes ont obligé un citoyen, Bernd Bruns, 54 ans, à retirer une inscription gravée sur la tombe de sa mère. En effet, l’inscription était l’adresse d’un site Internet. Que le site en question (
www.gertrud-bruns.friedort.de) rende hommage à la défunte décédée en 1993, importe peu aux représentants de la loi : car l’Etat interdit formellement toute forme de publicité sur les tombes !
Pratique illégale
En y regardant de plus près, on voit que la curieuse bataille que se livrent les autorités rhénanes et Bernd Bruns ne date pas d’aujourd’hui. Bruns, que la presse outre-Rhin qualifie de " rebelle des cimetières ", n’a en effet qu’une obsession : changer la législation allemande en matière d’inhumation. " La culture funéraire est définie par les bureaucrates , même la couleur des inscriptions sur les tombes a été précisée. C’est révoltant" , explique Bruns. En 1998, il avait déjà fait les gros titres, après avoir porté plainte contre le Land de Rhénanie du Nord et demandé à l’Etat que sa femme pût conserver son urne cinéraire à la maison, pratique illégale en Allemagne (contrairement à la France), où la loi oblige à faire reposer les cendres dans un columbarium.
Provocateur
Pour Bruns le provocateur, c’est une intolérable immixtion de l’Etat dans un domaine qui regarde chacun. Il donne d’ailleurs de larges éventails de sa pensée sur son site au nom évocateur, Postmortal. " L’obligation de reposer dans un lieu que l’on n’a pas choisi pourrait hanter mon âme d’une douleur éternelle ", déclare-t-il mi-sérieux mi-ironique à la presse lors de l’ " affaire " des cendres. Et il est prêt à aller très loin pour défendre ses idées : il a épluché les lois allemandes en détail et a crée une entreprise destinées aux familles qui veulent conserver les cendres de leurs proches à la maison : sa firme se charge d’incinérer les cadavres à l’étranger, quitte à fabriquer des masques funéraires avec la cendre du défunt, pour échapper à la loi et le réintroduire tranquillement dans son pays ! "C’était juste une tactique juridique pour montrer l’absurdité de la loi , lors de ma plainte " révèle -t-il .Avec l’affaire de la tombe à l’adresse URL, Bruns a perdu une bataille. Mais il n’a certainement pas dit son dernier mot...