Les investissements en capital-risque ont été multipliés par quatre en France entre le premier semestre 1999 et le premier semestre 2000. Christophe Chausson est fondateur et président de Chausson Finance, le principal leveur de fonds français. Interview.
Avec un total de 3,4 milliards de francs, les investissements en capital-risque ont été multipliés par quatre en France au premier semestre 2000 (par rapport à la même période de 1999), selon l’indicateur semestriel Chausson finance. 263 start-ups ont été financées à hauteur de 13 millions de francs, en moyenne. Avec un total de 2,36 milliards de francs - dont un milliard pour le seul commerce électronique - l’Internet concentre 69% des investissements. Interview de Christophe Chausson, fondateur et président de Chausson Finance, le principal leveur de fonds français.
Quels enseignements peut-on tirer des chiffres du capital-risque en France ?
Le montant moyen des sommes investies augmente nettement et se situe désormais à 13 millions de francs par start-up. Cela reflète un changement d’état d’esprit : désormais les capital-risqueurs préfèrent investir davantage et laisser les entreprises se concentrer sur leur développement, alors qu’auparavant une start-up devait chercher des financements très fréquemment. L’autre élément marquant de cette étude, c’est que les entreprises internet - et en particulier le secteur du commerce électronique - concentre deux tiers des investissements de capital-risque en France.
La morosité des marchés n’a-t-elle pas refroidi les capital-risqueurs en France au second semestre 2000 ?
Aujourd’hui, les investisseurs ont un peu la gueule de bois et cherchent leurs marques. Je pense que la croissance du capital-risque sera moins forte au deuxième semestre 2000. Mais tout cela va se stabiliser dans les prochains mois. Les investissements internet vont reprendre, y compris les investissements dans le B2C bien évidemment.
Le mouvement des créations de start-ups n’est donc pas remis en cause ?
Non. Tout d’abord parce qu’il y a de l’argent dans les fonds. Ces fonds sont bloqués et l’argent doit être investi. Ensuite, investir dans les start-ups reste pertinent. Enfin, depuis deux ans, nous assistons à un changement culturel fort en France. Les start-ups font désormais partie du paysage économique, où elles se sont fait une place sur le long terme. La start-up, c’est un phénomène d’ordre culturel, qui s’est construit sur tout un "écosystème" de chasseurs de têtes, d’avocats, d’analystes, d’investisseurs, de journalistes. Tous contribuent à industrialiser et donc à pérenniser le monde des start-ups.