Le ministère de la Culture a choisi Linux pour remplacer le système d’exploitation de son serveur informatique, qui gère le réseau interne et son site Internet. C’est le premier service public à opter pour un logiciel libre. À l’origine de la décision : Alain Giffard, conseiller technique de Catherine Trautmann pour les nouvelles technologies. Selon lui, cette mesure est un signal pour l’administration, mais ne présage en aucun cas d’une loi sur le passage des services publics au logiciel libre.
"Nous
espérons quen mettant en place ce système
nous influencerons les autres ministères"
)transfert
:
Pourquoi avez-vous décidé de remplacer
le système dexploitation du serveur du
ministère par Linux ?
- Le ministère de la Culture et de la Communication
a été le premier ministère à
disposer dun site Web et nous avons toujours
tenu à développer ce service en interne,
à en maîtriser la technique. Par ailleurs,
Internet est un outil de plus en plus utilisé
par nos agents. Tous utilisent le-mail et ont
une expérience du Réseau plus forte
quailleurs. Les gens qui travaillent le soir
ou le week-end, par exemple, peuvent récupérer
sur le site les documents dont ils ont besoin. Le
serveur interne et le site Web sont donc interconnectés.
Par conséquent, il est indispensable que nous
contrôlions notre système informatique.
Linux nous évite dêtre dépendants
dun logiciel dont nous ne connaîtrions
pas le code source.
Les ordinateurs de bureau vont-il également
fonctionner avec Linux ?
- Nous allons étudier la question en faisant
des tests avec nos agents, mais la décision
nest pas encore prise. Nous avons 6 500 personnes
au ministère : changer de système ne
peut pas se faire en six mois. Pour linstant,
nous terminons les opérations nécessaires
pour installer le serveur.
Est-ce une façon dencourager le développement
du logiciel libre ?
- Nous espérons quen mettant en place
ce système nous influencerons les autres ministères.
Ils auront ainsi les moyens dexaminer rationnellement,
eux aussi, la solution. Au-delà de ça,
si les partisans du logiciel libre se sentent renforcés
dans leur lutte, cela ne nous dérange pas.
Sagit-il également dun coup
de pouce à la proposition de loi visant à
imposer lusage des logiciels libres dans ladministration
?
- Je précise que cette proposition est dorigine
sénatoriale. Pour ma part je ne crois pas quil
faille retomber dans le dirigisme technologique que
lon a connu par le passé. Vous savez,
il y a eu un véritable tournant pris à
Hourtin : le gouvernement a voulu proposer un passage
à lInternet en rupture avec le dirigisme
et en arrêtant la création de services
minitel. Maintenant il faut savoir ce que lon
veut. Si on commence à dire que tous les services
publics doivent utiliser des logiciels libres, je
trouve cela paradoxal. En plus, ce type de mesure
me semblerait très compliqué à
mettre en place. Vous savez, le fonctionnaire de base
est conservateur. Je ne vois pas comment une fac de
province pourrait se débrouiller pour changer
de système. À Paris, il est plus facile
de trouver un groupe de personnes sur qui tester ce
type de solution.
Je minterroge donc sur le fait de décréter
la généralisation. Je suis plutôt
pour la mise en réseau des ressources : les
autres directions administratives nous contacteront
pour nous demander des conseils et le système
se diffusera de cette manière-là.