Service-public.fr, le nouveau portail de l’administration, a été lancé lundi 23 octobre et remplace Admifrance. Interview de Jean-Paul Baquiast, administrateur du site Admiroutes.
Les internautes vont pouvoir accéder aux informations administratives par des mots aussi simples que "armée", "emploi", "impôts" ou "papiers", et ce dès la page d’accueil. Le ministère de la Réforme de l’...tat a lancé lundi 23 octobre service-public.fr, le nouveau portail de l’administration, géré par la Documentation française. Jusqu’alors, celle-ci concentrait les informations sur le site admifrance.gouv.fr. Le nouveau site a gagné en clarté avec une présentation proche des annuaires du Web type Yahoo ! et des liens plus directs vers les services publics. Pour l’instant, il s’agit surtout d’un changement dans la forme, même si Michel Sapin, ministre en titre, a annoncé une vingtaine de nouvelles téléprocédures pour le début de l’année prochaine. Cela concernera notamment les permis de construire, les inscriptions aux concours de la fonction publique ou les demandes de subventions dans le cadre de la politique de la ville.
Jean-Paul Baquiast est haut fonctionnaire à la retraite et administrateur du site Admiroutes. Il plaide, depuis les débuts d’Internet en France, pour la mise en réseau des administrations. Du haut de son mètre quatre-vingt-trois et l’œil attentif, il assistait à la présentation du site service-public.fr. Interview.
Globalement, comment trouvez-vous le nouveau portail de l’administration ?
Edgar Pansu |
Les services de l’...tat ont fait un gros effort d’ergonomie, à la hauteur des besoins. C’était absolument indispensable. Mais les efforts vers une administration en ligne sont loin d’être terminés. C’est bien de mettre plus de choses en ligne, mais il faut aussi parvenir à faire travailler les fonctionnaires en réseau, notamment au niveau local.
Si vous deviez comparer ce site avec son prédécesseur admifrance ?
Admifrance, pour parler clairement, c’était vraiment une brouette. Désormais, le portail est professionnel. Il faudra quand même attendre de voir si la mise à jour est faite suffisamment vite. J’avais un peu peur que la pression des prestataires de services ne pousse à faire quelque chose d’un peu trop chic, un peu trop lourd à charger et peu fonctionnel.
La plupart des sites publics auxquels renvoie le portail ont des chartes graphiques radicalement différentes, notamment les ministères. Que pensez-vous de cette diversité ?
Je suis pour. Ça montre la diversité des cultures au sein de l’administration. Dans certains cas, l’uniformité est même nuisible. Aux finances, par exemple, on a cherché à mettre en place un modèle unique pour les sites des trésoriers payeurs généraux. Résultat : ils ne savent pas personnaliser les sites et font systématiquement appel à Paris pour savoir ce qu’ils doivent mettre dans les pages.
Les téléprocédures sont pour l’instant assez peu développées. Lesquelles vous semblent prioritaires ?
En termes de gain de temps et de progrès pour la démocratie, je pense qu’il est urgent et indispensable que les appels d’offre pour les marchés publics soient gérés en ligne, de A à Z, c’est à dire jusqu’à la réalisation des travaux. Ce serait beaucoup plus transparent et l’on ne se retrouverait pas avec des affaires comme celles des offices publics de HLM. Par ailleurs, il serait utile que les étrangers qui veulent venir en France puissent rapidement avoir accès à des procédures à distance.
Vous souhaitez que l’administration travaille en réseau. Est-ce réalisable ?
C’est vrai que ce n’est pas la tradition de l’administration. Mais cette coopération est indispensable. Elle est urgente, par exemple, entre magistrats ou entre policiers et gendarmes. Par ailleurs, l’usager doit pouvoir avoir accès à un interlocuteur unique lorsqu’il veut régler un problème. Je suis pour la création d’un guichet unique. À charge, ensuite, à celui qui traite le dossier de dialoguer avec les différents services concernés. Pour l’instant, les services ne regardent surtout pas ce que fait le voisin. Et ça, c’est le contraire de l’esprit d’Internet.
En 1998, vous rendiez un rapport sur l’utilisation des réseaux électroniques dans l’administration. Aujourd’hui, qu’est-ce qui a changé ?
L’état d’esprit a changé. Vous ne trouverez plus de ministre qui ricane quand on lui parle d’Internet. Si vous faites comprendre à un préfet qu’il ne fait rien dans ce domaine, il aura honte. Mais ce n’est pas pour autant que les méthodes de travail ont changé. On en n’est pas encore là. Et puis l’info, on n’en a jamais assez. Moi, ce que j’aimerais, c’est que l’on connaisse l’état des dossiers au jour le jour, à chaque phase des négociations.