Pour
avoir utilisé le mot "Leonardo" dans
ses pages Web, une petite association culturelle est
poursuivie par les capitaux-risqueurs de Leonardo
Finance. Lassociation se rebiffe, organise la
mobilisation. Et Leonardo Finance commence à
baisser pavillon avant même que Di Caprio sen
mêle.
Si
vos copains vous appellent Leonardo et que vous avez
une page perso sur le Web, méfiez vous : vous
êtes en danger
Une association culturelle
franco-américaine, pionnière des arts
technologiques, est poursuivie par un réseau
franco-international, pionnier dans l’accompagnement
des start-ups, pour ce seul motif : un nom. Leonardo.
En tapant ce mot dans les moteurs de recherche, Transasia
s’est aperçue que les sites qui apparaissent
en tête des e-gondoles n’étaient pas
ceux de Leonardo
Finance ni de l’association
Leonardo, sur lesquelles la société
repose ses activités, mais celui d’OLATS,
Observatoire Leonardo des arts et technosciences.
Propriétaire des marques Leonardo, Leonardo
Finance, Leonardo Partners, Leonardo Invest et Leonardo
Experts, Transasia a donc porté plainte pour
"contrefaçon", réclamant
l’exclusivité de l’utilisation du mot Leonardo,
plus 6 millions de francs de dommages et intérêts
car cette "confusion" leur occasionnerait
20 % de manque à gagner. On ne plaisante
pas avec largent.
Une
nouvelle affaire Etoy ?
Coup
de théâtre la semaine dernière
: après avoir longtemps refusé de répondre
aux questions des journalistes, Yves Delacour, PDG
de Transasia, Leonardo Finance, et président
de l’association Leonardo, finit par reconnaître
qu’"il est évident que l’on n’aura
jamais cette somme. La seule chose que je demande
c’est qu’il n’y ait pas de confusion sur les sites.
Tout ceci est regrettable, et au lieu de se disputer,
on ferait mieux de réunir nos efforts. Il faudrait
peut-être un médiateur." Et
de reporter la faute sur ses avocats, tout en avançant
, juré craché, qu’il essaie depuis deux
ans de trouver un accord à l’amiable avec OLATS
(ce que ceux-ci contestent vigoureusement).
Il
faut dire aussi que l’affaire est apparue au moment
même où les artistes européens
d’etoy remportaient leur "victoire"
contre EToys, troisième site d’e-commerce,
qui voulait à tout prix récupérer
leur nom de domaine. L’affaire avait fait grand bruit,
"on voulait censurer des artistes"
: des milliers d’internautes avaient pris fait et
cause pour Etoy, une centaine d’articles de presse
avaient relayé l’affaire et l’action du marchand
en ligne avait chuté de 67 à 15 dollars.
Etoy, dans sa lettre de remerciement aux "supporters",
avait appelé ses "agents"
à soutenir l’association Leonardo. De fait,
la mobilisation bat son plein et une dizaine de sites
de soutien se sont créés un peu partout
et dans tous les sens. Outre ce fermier américain
dont nous vous parlions et qui, depuis, a publié
l’assignation en justice, truffée de "désinformations"
selon lui, les artistes de Rtmark se sont eux aussi
mis de la partie. En partie responsables de la "guerre
de l’information" qui avait permis aux artistes
européens d’Etoy de remporter une "victoire"
contre EToys, ils relaient aujourd’hui un "concours
de moteur de recherche".
Sites
de soutien et tee-shirts
À
ce jour, ils ont réussi à faire référencer
les nouveaux sites de soutien sur Yahoo, Altavista,
Northern Light ou encore HotBot, tentant ainsi de
noyer ceux de Transasia au beau milieu d’un aréopage
de "bruits" et protestations. Un
autre artiste canadien dont le site est hébergé
sur un serveur hongrois, propose quant à lui
de placer une page remplie de "Leonardo",
afin de brouiller la tâche des moteurs de recherches.
Il met en avant des bannières pour médiatiser
l’affaire, et faciliter la collecte de fonds organisée
par OLATS pour payer leurs frais d’avocats. Des tee-shirts
sont également en vente, et tous proposent
d’envoyer des mails de protestation à Yves
Delacour et ses collaborateurs. Ceux-ci en ont d’ailleurs
reçu plusieurs milliers à ce jour, ce
qui explique aussi le revirement de la semaine dernière.
À
quand une médiation ?
De
son côté, l’association OLATS n’a de
cesse de rappeler que "son" univers
Leonardo existe depuis 1967, même si ses sites
Web ne sont apparus qu’en 1994 et 1998, quand Transasia,
qui a déposé le mot Leonardo en 1987,
n’a finalement enregistré toutes ses marques
qu’en 1995. L’association bénéficie
du soutien d’artistes, d’universitaires et de scientifiques
reconnus du monde entier : dévolue au
développement des relations entre les arts,
les sciences et les nouvelles technologies, son réseau
et ses nombreuses publications font même référence
en la matière, ce qui explique aussi l’intensité
de la campagne de soutien. Elle conteste aujourd’hui
ce procès au nom du principe d’antériorité,
mais aussi de la partialité de l’assignation :
on compte en effet une cinquantaine d’autres structures
clairement référencées sous le
mot-clé Leonardo. Sans parler des deux Leonardo
"stars" : di Caprio et da Vinci. Elle
rappelle enfin que l’Internet est un "principe
démocratique de communication, l’interdiction
de l’utilisation d’un mot-clé revenant à
privilégier l’accès à certains
sites, dans une démarche inégalitaire
contraire à l’esprit du Web". Lassociation
IRIS
(Imaginons un réseau Internet solidaire) a
ainsi pu parler d’une "nouvelle étape
dans la marchandisation d’Internet, suivant la "stratégie
du cancer" qui procède à l’élimination,
par étouffement financier, des cellules dont
le voisinage consiste simplement à porter le
même nom".
Liens de l’article :
Associations Leonardo :
http://mitpress.mit.edu/e-journals/Leonardo/
http://www.olats.org/
Soutiens :
Webring de soutien à Leonardo :
http://nav.webring.org/cgi-bin/navcgi ?ring=leonardo ;list
IRIS : http://www.iris.sgdg.org/actions/leonardo/
Rock House Farm : http://www.rockhousefarm.com/leonardo.htm
Bannières : http://leonardo.c3.hu/
Concours de moteur de recherche :
http://www.er3.com/leonardofinance/info/index.html
Plaignants :
http://www.leonardo.asso.fr/
http://www.leonardofinance.fr/