Trois questions à Marc-Antoine Martin, responsable de la communication du site de Bure.`
Les manifestants vous reprochent de faire un centre d’enfouissement et pas un centre de recherche...
C’est faux. Toute notre action est cadrée par la loi Bataille du 30 décembre 1991. Cette loi est très claire, c’est notre bible. Elle précise qu’on réalise un centre de recherche avec des scientifiques, des géologues, des géochimistes et des géomécaniciens qui étudient la couche d’argile située à 500 mètres de profondeur. L’objectif est de vérifier si cette roche convient à un stockage réversible. J’insiste sur cette notion de réversibilité, qui veut dire qu’on peut aller rechercher les colis radioactifs qu’on y mettrait. Nous devons nous assurer que le site convient au regard des critères scientifiques, dûment validés par la commission nationale d’évaluation. Cette commission, indépendante de l’ANDRA, est constituée d’experts nommés par le Parlement et de deux experts étrangers. Nos résultats seront soumis au parlement en 2006 et d’autres instances d’évaluation contrôlent également les travaux de recherche de l’Andra : le COS (le Comité d’Observation et de Suivi), le CLIS (le Comité local d’informations et de suivi) et la DSIN (la Direction de la sûreté des installations nucléaires).
Mais les manifestants pensent que les infrastructures mises en place semblent indiquer un projet à plus long terme...
C’est un argument qui tient pas la route. L’infrastructure est plus petite que la majorité des installations industrielles classiques. On nous dit "quand on voit l’argent qu’ils mettent, ils vont pas abandonner". Si le lieu ne convient pas, on abandonnera, c’est tout. Si, en 2006, le parlement décide de continuer à faire des recherches ou à commencer le stockage, de toutes façons il faudra construire de nouvelles infrastructures. Les installations actuelles ne sont pas dimensionnées pour le stockage, on ne peut pas descendre les châteaux, les éléments dans lesquels on stocke les déchets radioactifs pour prémunir les employés et la population de la radioactivité. Stocker serait contraire à la loi. Si, en 2006, le parlement décide d’arrêter, on démonte tout et on rebouche. Les fonds sont provisionnés pour garantir une réhabilitation du site le cas échéant.
Laisser l’accès au site à des experts indépendants ne signifie pas forcément prendre en compte leurs oppositions. Certains d’entre eux prétendent qu’il y a déjà suffisamment d’éléments pour stopper les travaux de recherche...
Je ne suis pas d’accord. Lorsque M. Mourot (1) présente son interprétation devant le préfet lors des réunions du CLIS, on est obligés de débattre sur ce point-là. Il y a débat et on répond. On prend en compte leurs arguments scientifiques. On tient compte de ce qu’ils disent, c’est une certaine forme de pression... qui quelque part sert d’émulation à notre effort de transparence.
(1) Géophysicien à la retraite, indépendant, M. Mourot conteste les propos avancés par l’ANDRA.