Transfert : Vous estimez qu’on ne peut pour une raison de principe agir sur la consultation de sites. Ce principe est-il supérieur à la volonté de faire cesser le trouble causé par ces sites ?
Meryem Marzouki : Si l’on doit mettre les deux choses en rapport, je le pense en effet. Faire peser l’accusation sur les personnes qui consultent peut être très grave. Ce que nos lois n’autorisent pas, c’est l’expression de certains propos. De ce point de vue la logique du MRAP, qui a identifié des auteurs français de sites hébergés par le portail en question et qui entend les poursuivre, me semble préférable plutôt que de jouer les tartuffes. Ensuite, le problème posé par les auteurs américains est différent. Moi, Française, je ne tiens pas à ce qu’on m’applique la loi tunisienne.
Vous voulez dire que la solution passe par une entente internationale...
Le problème effectivement est politique. On est arrivé à s’entendre pour la pédophilie. Pourquoi pas ne pas converger sur ces valeurs ? À terme, on peut y arriver.
Donc aujourd’hui, pour vous la lutte est en dehors du terrain judiciaire ?
Ce que je dis, c’est que pour l’instant, il faut poursuivre , en France, les auteurs de sites qui peuvent l’être.