Le mastodonte du logiciel s’attaque à une organisation caritative australienne qui distribue des PC usagés à des enfants défavorisés.
Non content de régner sur l’univers du logiciel commercial, le mastodonte Microsoft semble vouloir envahir le monde associatif. L’organisation caritative australienne "PCs For Kids" vient de l’apprendre à ses dépens. Créée en 1999 par Colin Bayes, PCs For Kids recueille du matériel informatique usagé auprès d’entreprises souhaitant s’en débarrasser. Les machines sont désossées et "retapées" par 70 bénévoles. Les disques durs sont, quant à eux, reformatés. Pour finir, PCs For Kids installe les indispensables logiciels d’exploitation et de traitement de texte, avant de donner les machines à des enfants défavorisés de pays du Pacifique Sud (Australie, Timor, Papouasie Nouvelle-Guinée).
Microsoft montre les crocs
Mais les pratiques de PC For Kids ne sont pas du goût de Microsoft. Car, petits moyens obligent, l’organisation installe sur ses PC des copies de logiciels dont elle ne détient en général qu’un exemplaire. Le 26 juin dernier, un avocat de Microsoft Asie du Sud-Pacifique adresse donc une lettre à Colin Bayes, brandissant la menace de poursuites contre Pcs For Kids, pour "enfreinte au droit de copie". L’organisation doit au plus vite payer des licences d’utilisation pour les quelque 1 200 ordinateurs distribués depuis 1999, ainsi que pour tous ceux qui le seront à l’avenir. Ulcéré, colin Bayes proteste de cette décision par écrit, le 5 juillet. Dans un nouveau courrier, le 9 juillet, l’avocat de Microsoft, Vanessa Hutley, tente de dédramatiser. Pcs For Kids ayant reconnu utiliser des copies de logiciels au lieu d’acheter les originaux, elle revient sur ses menaces de poursuites dans le dossier des PC déjà installés. Sans pour autant revenir sur sa position de principe concernant les actions futures de l’association : "Vous devez, écrit-elle, employer une autre méthode pour équiper vos PC en logiciels. Nous vous adresserons prochainement, à cet effet, un document expliquant la marche à suivre par les institutions ou individus auxquels vous donnez ces PC, afin d’obtenir des logiciels dûment enregistrés."
Charité à géométrie variable
Loin d’être apaisé, Colin Bayes, en appelle à une "condamnation mondiale des actions de Microsoft". Et explique que, de toute façon, le matériel récupéré par PCs For Kids est généralement obsolète, donc peu performant. Les seuls logiciels utilisables restent donc Windows 95 – voire son ancêtre Windows 3.11 – et la version 2 de Word. Autant dire des reliques. "Or aujourd’hui, s’étrangle Colin Bayes, les distributeurs de logiciels ne vendent plus que les dernières versions, 2000 ou Millenium. Financièrement inabordables pour l’association – 300 à 600 dollars australiens par machine –, celles-ci sont de toute façon inutiles car impossibles à installer sur les machines." Et de poursuivre : "Bill Gates fait le tour du monde pour traquer de modestes associations à but non lucratif comme la nôtre et les accuser d’enfreindre la loi sur le copyright. Et, dans le même temps, il communique sur les campagnes de vaccination qu’il finance et sur les ordinateurs dont il fait don aux écoles, c’est cynique." De fait, un communiqué de presse diffusé très opportunément ce jeudi sur le site institutionnel de Microsoft, chante les louanges de la multinationale qui a soutenu une quarantaine d’ONG taiwanaises depuis le tremblement de terre de septembre 1999. "Il est de notoriété que les ONG disposent souvent de fonds limités", explique ce communiqué. Bill Gates est décidément un visionnaire.
Copie du courrier :
L’ONG PCS For Kids (Australie):
http://www.pcsforkids.org/
Quand Microsoft vole au secours des taiwanais:
http://www.microsoft.com/presspass/...