)Transfert
: Pourquoi voulez-vous
favoriser un Internet "nouvelle génération" ?
-
Daniel Kaplan :
J’estime que les utilisations d’Internet
sont aujourd’hui très limitées
et trop compliquées. Elles prennent peu en
compte le grand public. La technique, limitée
par la vitesse de connexion, nuit à la création,
notamment à la création culturelle,
très peu présente sur le Web. Dans cinq
ans, nous aurons l’impression que le Net d’aujourd’hui
n’était qu’un super prototype. Nous
nous dirons alors que nous avons été
des centaines de milliers de bêta testeurs.
Mais pour l’instant en France, on est dans une
position de suiveurs. Des solutions techniques vont
arriver, le haut débit va se généraliser
et l’on ne pense pas aux usages qui vont en découler.
Aux ...tats-Unis, au Canada et même aux
Pays-Bas, cette réflexion sur l’Internet
"nouvelle génération"
existe depuis 1998.
Quel
rôle exact voulez-vous jouer ?
- L’installation des tuyaux, ça
n’est pas notre domaine, d’autres s’en
chargent. Nous, nous voulons être un accélérateur
d’idées pour tout ce qui concerne les
terminaux et les usages, dont on n’a pas forcément
idée aujourd’hui. Par exemple, dans le
domaine de la vidéo ou de l’Internet mobile.
Le projet de la FING est de rassembler des acteurs
du marché dans des groupes de travail.
Les choses changent tellement vite que les organismes
qui évoluent dans le domaine des nouvelles
technologies ont le nez dans le guidon. Toutes les
entreprises, par exemple, n’ont pas de service
de recherche et développement. Et celles qui
en ont ne réfléchissent pas toujours
en termes d’usages. Nous voulons leur faire gagner
du temps en les amenant à se rencontrer pour
collaborer.
Pouvez-vous
donner un exemple ?
- Prenons l’enseignement à
distance : le groupe de travail cherchera ce que l’on
pourrait faire si l’on n’était pas
limité par la bande passante. Travailleront
ensemble des personnes de l’...ducation
nationale, des organismes de formation privée,
des fournisseurs de technologie, comme HP, des opérateurs
télécom, des éditeurs, des profs,
des entreprises... Ils confronteront leurs points
de vue. Nous leur dirons ce qui existe ailleurs et
ils feront des propositions d’utilisations, imagineront
les terminaux, les logiciels nécessaires. Ces
propositions seront publiées.
Comment comptez-vous les
stimuler ?
- La Fondation réalisera des synthèses,
effectuera pour ses membres des traductions et de
la veille technologique. Nous allons fournir des outils
et des conseils pour le travail en réseau.
Parmi les membres, certains animeront les groupes
de travail en respectant une charte. De toute façon,
ce sont les entreprises qui prendront l’initiative.
Nous ne voulons pas prendre en charge, à leur
place, leur réflexion sur l’avenir. Sinon,
c’est inutile.
Comment comptez-vous gérer
des intérêts aussi contradictoires ?
- Nous expliquons aux organismes concurrents
qu’ils ont intérêt à collaborer
aujourd’hui car nous sommes dans une phase pré-compétitive.
Si la dynamique réussit, il est fort probable
qu’à un moment donné, les uns et
les autres reprendront leurs billes en nous disant
: "Désolé, on va bientôt
lancer le produit, désormais on joue pour nous."
Pourquoi
limiter la durée de vie de la Fondation à
trois ou cinq ans ?
- Comme je vous l’ai dit, nous ne
pouvons rassembler les acteurs que pour une durée
limitée. Au-delà, chacun aura des intérêts
propres. En plus, si notre initiative fonctionne,
dans trois ou cinq ans, nous y serons, dans l’Internet
"nouvelle génération".
La Fondation ne sera plus utile.
Vous ne traiterez pas des
questions juridiques ?
- Ce n’est pas notre vocation. ...videmment
les nouveaux usages imaginés vont faire apparaître
de nouvelles interrogations. Mais l’aspect réglementaire,
je pense que c’est plutôt le rôle
des lobbies. Pareil pour l’aspect politique.
Nous n’interviendrons pas dans les décisions
des collectivités locales liées au haut
débit, par exemple.
Quels objectifs concrets
espérez-vous remplir ?
- Difficile à quantifier. Mais à la
fin de l’année, je souhaite que la Fondation
ait environ 150 membres, une dizaine de groupes de
travail réellement en route et qu’elle
présente une centaine de propositions d’usage
de l’Internet "nouvelle génération".
FING
: Fondation pour l’Internet "nouvelle
génération"
|
Direction
|
Daniel
Kaplan (par ailleurs délégué
de l’Internet Society et consultant pour
la mission sur la Corégulation de l’Internet),
assisté de Jean Michel Cornu, spécialiste
de la vidéo sur Internet. |
Comité
exécutif
|
AFTELCEE
(Association française de la télématique,
du commerce et des échanges électroniques)
; ISOC-France (chapitre français de l’Internet
Society) ; AFEM (Association française
des éditeurs multimédia) |
Budget
prévu
|
4
millions de francs par an |
Durée
de vie (annoncée)
|
3
à 5 ans |
Membres
actuels
(liste non exhaustive)
|
Ministère
de l’...ducation nationale, INRIA, INA,
3 Suisses, Alcatel, Bouygues Télécom,
France Télécom, Vivendi, Bull,
CanalWeb, Groupement des cartes bancaires, Radio
France internationale, SmartValley...
|
Lien de l’article :
http://www.fing.org