Encore un site d’info en détresse. Et un bon...
Salon.com, le site préféré des enfants du Net intellos et branchés américains, annonce qu’il devra bientôt mettre la clef sous la porte.
Selon une dépêche d’Associated Press du 15 février 2003, Salon a cessé de payer le loyer de son siège à San Francisco. Et cherche du cash par tous les moyens possibles : les éditeurs envisagent par exemple de revendre à perte des avoirs d’espace de pub télé estimés à $ 5,6 millions.
Depuis son lancement en 1995, Salon a remporté de nombreux prix d’édition en ligne et de journalisme. Mais le site a aussi accumulé une dette de $ 80 millions.
En décembre 2002, l’action de Salon avait été retirée de la cotation officielle du Nasdaq, le marché des valeurs technologiques américain, après l’annonce, par le journal, d’une cessation de paiements imminente.
Fin janvier, les éditeurs avaient renoncé à laisser du contenu en libre accès sur leur site : ils avaient lancé une formule qui obligeait l’internaute non-abonné à regarder et juger plusieurs écrans de publicité avant d’accéder au site pour la journée.
"La pub ne payait même pas le loyer"
A qui la faute ? Aux internautes, qui refusent obstinément de payer pour de l’information en ligne ? Non, répond David Talbot, directeur de la rédaction, dans une lettre ouverte à ses lecteurs. Depuis son passage en payant en avril 2001, Salon revendique près de 60 000 abonnés à $ 18,50 par an et $ 30 par an (formule sans pub). "C’est bien plus que ce que tous les Cassandre nous avaient prédit", se félicite Talbot.
Le directeur de Salon est par contre moins tendre avec les annonceurs, dont "80 % des investissements de publicité en ligne vont aux 20 sites les plus fréquentés du web, qui appartiennent à des groupes géants". "Même à l’âge d’or des médias en ligne, la pub seule ne payait même pas le loyer", rappelle-t-il ironiquement.
La mort annoncée de Salon porte un coup à la presse indépendante en ligne et aux forces de la gauche américaine, déjà mal en point. "Avec l’administration Bush qui impose progresssivement sa loi du parti unique et des médias suivistes qui ont abandonné depuis longtemps leur rôle de vigie citoyenne, le public a besoin de sources d’information alternatives comme Salon", plaide Talbot.
Alternet, un autre site influent dans la gauche, appelait d’ailleurs le 23 janvier dernier à soutenir son homologue : "Entrez dans l’Histoire. Abonnez-vous à Salon et dites que vous étiez là au début d’une nouvelle ère dans les médias." Trop tard ?