Le patron du fournisseur d’accès à Internet a présenté, mardi 22 mai, son plan d’attaque : nouveaux rachats, disparition de la marque Liberty Surf et... plan de licenciement chez World Online France.
Renato Soru, en visite en France pour annoncer l’introduction de Tiscali au Nouveau marché de la Bourse de Paris, avait troqué, ce mardi, l’habituel masque du tueur pour un air presque absent. Et pourtant, le discours du patron de Tiscali – le deuxième fournisseur d’accès à Internet (FAI) européen – n’a rien perdu de son tranchant. La priorité, c’est la rentabilité d’exploitation, que Renato Soru annonce pour le dernier trimestre 2001. Ce dernier se félicite d’avoir ramené la perte d’exploitation du groupe de 140 millions d’euros au dernier trimestre 2000 à 58 millions d’euros au premier trimestre 2001 (hors Liberty Surf). Sa recette ? La réduction des coûts tous azimuts : sur le marketing, sur les ventes et... sur les salaires.
Plan social chez World Online France
Et Soru d’annoncer de nouvelles séances de "dégraissage du personnel et de restructuration du Réseau". "Nous licencierons même des jeunes, dit-il. Ce sont des gens qui ont du potentiel, ils retrouveront du travail sans difficulté." De fait, les plans sociaux – qui ont déjà touché les filiales de Tiscali en Allemagne, au Benelux, en Espagne, en Suisse, en Italie et en Grande-Bretagne – n’épargneront pas la France. Les salariés de Liberty Surf et de World Online, deux des entreprises absorbées par Tiscali au tournant de l’année 2001, sont bien placés pour le savoir. Chez World Online France, un plan de 90 licenciements (sur un total de 180 personnes) a été annoncé la semaine dernière. "Nous ferons tout pour reclasser tout le monde", promet Rafi Kouyoumdjan, le patron de Tiscali France, dans un style un tantinet plus retenu que celui de Soru. Le plan social ne touchera a priori pas les salariés de Liberty Surf. En revanche, la marque Liberty Surf ne sera pas épargnée et disparaîtra au premier trimestre 2002. L’ensemble des filiales du groupe – en France, World Online, Intercall, Freesbee - travailleront à cette date sous la marque Tiscali. Le FAI lancera d’ailleurs un portail unifié européen, dès le mois de juin prochain.
La Bourse, je m’en fiche
Côté investissements, le FAI italien compte bien rester sur la lancée de ces derniers mois, qui ont vu le rachat de nombreuses sociétés, en particulier en Allemagne et en Grande-Bretagne. Le groupe Tiscali compte désormais 7 millions de membres actifs dans 15 pays d’Europe et rêve de devancer T-Online et ses quelque 8 millions d’abonnés (essentiellement en Allemagne). Soru confirme l’objectif de se classer systématiquement parmi les trois premiers FAI dans tous les pays d’Europe, "si petits soient-ils". "Nous voulons atteindre rapidement, presque immédiatement, le niveau de leader européen, omniprésent et tout puissant, lâche Soru. Et, pour ce faire, nous allons multiplier les rachats." Dans l’immédiat, la Grande-Bretagne, l’Espagne et l’Allemagne restent ses terrains de prédilection. Pour poursuivre sa campagne, le Général soru dispose d’une trésorerie encore confortable estimée entre 800 et 900 millions d’euros (5,3 à 5,9 milliards de francs). Quant à la réaction éventuelle des marchés financiers face à une telle boulimie, Soru se contente d’un "le cours de l’action Tiscali, je m’en fiche", sans appel. Patron d’un modeste FAI créé en 1997 en Sardaigne, Renato Soru caresse aujourd’hui un rêve de puissance et se proclame très volontiers – faut-il y voir un appel du pied ? – "AOL européen".