La Caisse des dépôts et consignations (CDC) vient de lancer son incubateur : CDC-Kineon se consacre au développement de projets liés aux métiers de la CDC.
Entretien avec Yann Boaretto, président de CDC-Kineon.
Quel est l’intérêt, pour la Caisse des dépôts, de créer son propre incubateur ?
Nous voulons développer de nouveaux métiers qui soient à la fois rentables et en lien avec la stratégie de notre groupe. Les projets sur lesquels nous travaillons répondront donc, avant tout, à des besoins de la CDC. Nous planchons ainsi sur une solution de « notarisation » des échanges électroniques, qui permet de garantir formellement le contenu d’un fichier numérique. Ça intéresse la Caisse, mais ça peut intéresser beaucoup de monde. Ce type de projet est donc aussi appelé à se tourner vers l’extérieur. Il pourra alors afficher le double soutien de la CDC, en tant que client et investisseur. Pour une jeune pousse, ça ne peut être qu’un bon début.
Combien de projets comptez-vous soutenir ?
Nous étudions en moyenne cinq gros projets par an et nous en développons finalement deux, sur une durée pouvant aller de 18 à 30 mois. Nous investissons de 5 à 10 millions d’euros dans chaque dossier. Ce qui nous laisse un peu de marge pour mettre en place de plus petits projets - peu gourmands en investissements - proposés par des salariés de la Caisse. Nous préparons ainsi un portail sur les investissements éthiques, dans lequel nous apportons 3 millions d’euros. Nous travaillons également avec une filiale de la Caisse sur un simulateur de crise pour la gestion des tunnels, sur le modèle des simulateurs de centrales nucléaires.
Les incubateurs privés souffrent du retournement des marchés financiers. La création de CDC-Kineon n’intervient-elle pas au pire moment ?
Au contraire. Il y a plutôt de bonnes affaires à faire en ce moment. Nous sommes dans une période exactement symétrique à celle que nous avons connue début 2000. Même les bons projets ne valent plus rien aux yeux des investisseurs. Quant au secteur des incubateurs, c’est vrai qu’il souffre, mais il le mérite. Nous avons été contactés pour reprendre des projets qui ont déjà été « hébergés » chez de grands incubateurs français. Je suis frappé de voir le manque de professionnalisme de certains d’entre eux. On voit des plans d’affaires qui ne reposent sur rien et annoncent un taux de développement de 15 % par mois ! Tout ceci est la conséquence d’une logique purement financière. La chute était prévisible.
Propos recueillis par Walter Bouvais
Doté de 100 millions d’euro, l’incubateur CDC-Kineon veut accélérer les projets liés aux métiers de la Caisse des dépôts et consignations, de la finance aux remontées mécaniques.