Les échantillons d’ADN prélevés par la police, censés ne révéler que certains traits précis pour identifier les individus suspectés, contiennent en fait des indications sur leur santé.
Les empreintes génétiques collectées par la police ne contiennent aucune information relative à la santé des suspects. En théorie. Car selon John Stead, un chercheur de l’université de Leicester (Angleterre), un des gènes étudiés dans ces échantillons de sang ou de salive permet de savoir si l’individu est prédisposé au diabète de type 1 (une forme de diabète courante, également appelée diabète insulino-dépendant).
La découverte sur les liens entre ce gène et cette maladie ne date pas d’hier. Elle était même mentionnée dans un article sur la génétique publié l’an dernier dans la presse médicale. Mais, selon un papier paru dans le New Scientist, Alec Jeffreys, le chercheur qui a inventé le principe des empreintes génétiques, a décidé de répandre la nouvelle auprès du grand public. L’attitude du gouvernement anglais, qui vient d’annoncer son intention d’étendre la collecte d’empruntes ADN, a motivé sa décision. Alec Jeffreys considère en effet que les avancées sur le séquençage du génome humain pourraient conduire à la découverte d’autres liens entre ces empreintes ADN et certaines maladies.
Coïncidence malheureuse
Le principe d’identification des gènes est identique dans tous les pays qui pratiquent ce type d’analyse. "Nous ne sommes habilités qu’à identifier une dizaine de gènes, et ceux-ci ne concernent en aucun cas la santé de l’individu", indique-t-on au laboratoire de police scientifique de Toulouse. "Nous recherchons des gènes liés aux traits marquants de l’individu, qui permettent de déterminer s’il est de type méditerranéen, par exemple." Pas de chance : parmi cette dizaine de gènes, la longueur de l’un d’entre eux indique la prédisposition des individus au diabète de type 1. Puisque les policiers possèdent des échantillons ADN, pourquoi ne chercheraient-ils pas le gène d’autres maladies ? "Ce n’est pas à la portée de n’importe qui", précise Sandrine Caburet, du laboratoire de biophysique de l’ADN de l’Institut Pasteur : "très peu de maladies sont liées à un seul gène. Le diabète est un cas particulier, puisque la potentialité d’être atteint de cette maladie peut en effet se déduire d’après un gène unique. En outre, ce gène n’est qu’un indicateur de prédisposition, pas une garantie certifiant que l’individu en question est malade".
L’article du
New Scientist:
http://www.newscientist.com/dailyne...
La présentation des prélèvements ADN par le ministère de l’Intérieur:
http://www.interieur.gouv.fr/police...