Sur fond de guerre économique entre l’Europe et les Etats-Unis, infoguerre.com lance un "Appel du 18 juin". Objectif n°1 : mieux cerner la réalité de la guerre de l’information à partir du cas Airbus contre Boeing. Objectif n°2 : allez savoir...
Infoguerre.com
est le site d’informations de C4ifr.com, société de services
de "veille économique et stratégique, art de la contre-argumentation,
perception management, guerre de linformation". Elle est, apprend-on,
composée d’"experts en management offensif de l’information",
tous professeurs ou anciens élèves de l’Ecole de Guerre ...conomique
(EGE). Tout comme C4ifr, l’EGE est dirigée par Christian Harbulot,
ancien militant de la Gauche prolétarienne (maoïste) qui a créé
en 1997 l’EGE avec le Général Pichot-Duclos, ancien directeur
de l’Ecole Interarmées du Renseignement et des Langues Etrangères
(EIREL). Selon le site
du ministère de la Défense Nationale l’EIREL "forme
au renseignement d’intérêt militaire les cadres des trois armées
et de la gendarmerie". Etrange mariage de la carpe et du lapin,
que cette alliance entre un ancien patron de l’école des services
secrets et un ex- militant mao. Tarifs pratiqués :entre 52 et 64
000 Francs par an et par étudiant ou stagiaire venant dune
entreprise. |
Le site infoguerre.com traite de guerre de l’information et de ses "applications militaires, civiles et économiques". Son "Appel du 18 juin : Give me information", tout juste lancé, invite les internautes à ouvrir grandes leurs oreilles électroniques, à farfouiller de ci-de là , en quête de toute trace ou information indiquant qu’une entreprise va "attaquer un concurrent de manière déloyale". Parce que "l’information est aujourd’hui une arme terriblement efficace pour déstabiliser un concurrent" et que puisque "lorsqu’une entreprise en attaque une autre, elle laisse des traces. Ce sont justement ces traces que nous voulons identifier". Infoguerre invite ainsi les internautes à leur "donner" ces traces et informations, qui seront recoupées, validées et, si leur sérieux est avéré, transmises " aux organisations non gouvernementales (ONG) et aux institutions qui déclarent lutter contre la corruption et la concurrence déloyale". L’appel est traduit en anglais, allemand et espagnol, la campagne visant entre autres les expatriés européens vivant aux Etats-Unis, ainsi que tout citoyen européen intéressé par le sujet.
La guerre de l’information par l’exemple
L’objet de la guerre que nous sommes invités à scruter ? "La compétition aéronautique civile Europe/Etats-Unis", entendez par là le match Airbus/Boeing, à la Une du Monde du 20 juin, à l’occasion de l’ouverture du Salon du Bourget. Pascal Lamy, commissaire européen, déclare au Monde que Bruxelles doit être le "bouclier" d’Airbus face à son concurrent américain. De son côté, le n°2 de Boeing accuse le consortium européen de bloquer une fusion entre General Electric et Honneywell qui a pourtant reçu l’aval des autorités américaines. Bref, le match Boeing/Airbus est bel et bien lancé, la grosse artillerie est de sortie, les concurrents sortent leurs commissaires politiques respectifs, et infoguerre son appel du 18 juin. Pure coïncidence ? Oui, si l’on en croit Christian Harbulot, à l’origine de cette campagne. Contacté par Transfert, il affirme qu’il n’est pas plus sous contrat avec Airbus, qu’avec Bruxelles : "je ne dis pas qu’il n’y a pas d’orchestration, ce serait d’ailleurs dommage, ça montrerait qu’il y a une véritable stratégie offensive". Il s’agirait en fait de lancer le débat, de recenser les diverses instances oeuvrant en la matière, et de tester la capacité de réaction et le sérieux de ceux qui sont chargés de débusquer la corruption et autres malversations. En ligne de mire, l’ONG Transparency International, à qui Infoguerre a déjà consacré tout un dossier, dénonçant "un financement peu transparent, des méthodes de travail d’une obscure clarté, une approche de la corruption très orientée, des dirigeants bien dirigés"... Tout ceci peut paraître bien compliqué, sinon confus, mais émane bel et bien des représentants les plus en vue de la doctrine française en matière de "guerre de l’information".