??as de combat. Les associations antiracistes sortent la grosse artillerie contre la haine raciale en ligne. J’Accuse continue son combat contre Front 14 et poursuit les fournisseurs d’accès. Plusieurs avocats portent plainte contre SOS Racaille.
Il y a quelque temps, l’association J’Accuse ! portait plainte (J’accuse... les fournisseurs d’accès) contre 13 fournisseurs d’accès à Internet (FAI), mais aussi l’AFA, l’association qui les fédère. Ceux-ci sont accusés de permettre d’accéder à Front14, un hébergeur gratuit (lui aussi inculpé), spécialisé dans les sites ouvertement racistes, négationnistes, antisémites, néo-nazis et "white suprematists". Depuis, J’Accuse a été rejoint dans son combat par la Ligue des droits de l’homme, la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), la Fédération internationale de SOS Racisme, l’Amicale des déportés d’Auschwitz, le Consistoire israélite de France et l’Union des étudiants juifs de France. L’audience du juge des référés, qui se tenait le 30 juin dernier, a vu les avocats des FAI quelque peu divisés. Noos a annoncé qu’il bloquait désormais l’accès à Front14, alors que l’AFA, au nom des FAI, avance, depuis le début de cette affaire, que ce n’est pas leur rôle (les intermédiaires techniques n’ayant pas à jouer les auxiliaires de police), que ce genre de filtrage incombe aux seuls pouvoirs publics et que, in fine, il reviendrait à instituer "une surveillance généralisée et disproportionnée" des internautes. De plus, les FAI s’étonnent de n’être que 13 à être poursuivis, alors qu’ils seraient 150 en France.
Contacté par Transfert, Noos avance que le filtrage est en phase de test, et qu’il faudra attendre la prochaine audience, fixée au 12 juillet, pour en savoir plus. En attendant, un test rapide a démontré qu’il était tout à fait possible pour les abonnés à Noos d’accéder au "portail de la haine", tel que les médias le surnomment désormais, en utilisant un "anonymizer" ou un serveur proxy (qui permettent justement d’éviter la surveillance, et la censure, effectués par les FAI). Contacté par Transfert, Marc Knobel, vice-président de la LICRA et président de J’Accuse ! ne conteste pas qu’il soit possible de passer outre le filtrage, mais il en fait une affaire de principe : "il faut désigner l’adversaire", dit-il. Le juge Gomez, tout comme il l’avait fait avant de condamner Yahoo ! a émis le souhait de convoquer des "grands témoins informatiques". Les FAI ont, par ailleurs, pris soin de lui rappeler que si le projet de LSI prévoyait d’autoriser un juge des référés à bloquer l’accès à un site jugé illégal, la loi n’était pas encore votée, et qu’il ne s’agissait pas là de faire la loi, mais bien de l’appliquer. Or, à ce jour, jamais encore un juge n’a obligé un FAI à bloquer l’accès à un site.
La grosse artillerie des avocats
Une autre affaire vient corser le débat. Depuis quelque temps, un certain nombre de sites français de l’extrême droite dure se sont développé, attirant un nombre grandissant d’internautes. SOS Racaille, qui affiche plus de 300 000 pages vues, est ainsi parti en croisade contre la "caillera", le racisme anti-blanc, l’islamisme... Le site reprend, d’ailleurs, la charte graphique de SOS Racisme (qualifiée d’"association mafieuse" au regard de son financement), ainsi que la liste des 220 avocats recommandés par l’association antiraciste). Et c’est là que le bât blesse : SOS Racaille déconseille de prendre l’un de ces avocats, accusés de défendre les "racailles". Neuf des avocats avaient déjà, début juin, porté plainte contre X (les créateurs du site étant anonymes) pour injure et diffamation. Ils viennent d’être rejoints par Jean-Guy Lévy, bâtonnier de Toulon, au nom des quatre avocats de sa circonscription nommément cités dans la liste de SOS Racisme. La conférence nationale des bâtonniers a également été alertée, ainsi que la ministre de la Justice. Et ce serait, au final, l’ensemble des avocats recensés par SOS Racisme qui devraient, d’ici peu, porter plainte. Autant dire que la grosse artillerie risque d’être lancée. "Nick Samere", pseudo du responsable du site SOS Racaille, pourrait, à terme, être contraint de révéler sa véritable identité.