Selon des scientifiques de la NASA, une pluie d’étoiles filantes menace un bon nombre de satellites en orbite autour de la Terre. Une menace que les Européens ne prennent pas au sérieux.
Cela se produit tous les ans à la même période. Du 15 au 20 novembre, une pluie d’étoiles filantes baptisées "Léonides" se manifeste dans le ciel. Habituellement, cette pluie d’étoiles est peu importante. Mais cette année, le phénomène risque d’être d’une tout autre ampleur. Dans la revue Nature, certains scientifiques de la NASA affirment que le nombre de Léonides constitue une menace pour l’intégrité de plusieurs satellites en orbite autour de la Terre.
Impact catastrophique
Des scientifiques du Marshall Space Flight Center, un organisme rattaché à la NASA, prévoient, entre les 17 et 19 novembre prochains, environ dix Léonides par kilomètre carré de ciel. On est loin des 10 à 15 habituellement constatées ! Ce chiffre serait dix fois supérieur à celui observé lors de la dernière pluie importante, survenue en 1999. Les Léonides sont en fait de très petites particules (des débris de la comète baptisée Tempel-Tuttle) qui se consument en rentrant dans l’atmosphère, à 241 000 kilomètres à l’heure. Selon Mark Bailey, un membre de l’Observatoire d’Armagh en Irlande du Nord cité dans Nature, "l’impact direct d’un seul grain de poussière serait catastrophique pour un satellite". Pessimiste, il ajoute que "le nuage de gaz chargé en électricité qui se constituerait pourrait court-circuiter les programmes électroniques des satellites". Selon les scientifiques américains, les Léonides cuvée 2001 connaîtront deux pics d’activité : le 18 novembre à 12 heures (heure de Greenwich) puis, le même jour à 17 heures.
"Tous les ans la même chose"
Publiés dans la revue d’astronomie américaine Monthly Notices of The Royal Astronomical Society, les propos alarmistes des scientifiques américains ne semblent pas inquiéter outre mesure les scientifiques du CNES (Centre national d’études spatiales), situé à Toulouse. Pour Annick Sylvestre Baron, chef du département chargé du maintien à poste des satellites géostationnaires, cette pluie est "un phénomène récurrent". "Chaque année, les scientifiques américains disent que ce sera pire que l’année précédente, précise-t-elle. La NASA a beaucoup publié sur le sujet depuis quelques années, et c’est un sujet constamment pris au sérieux outre-Atlantique". Mais au CNES, aucune mesure particulière ne sera prise pour faire face aux Léonides. "Nous avons pris, en relation avec nos différents partenaires, certaines mesures de précaution, il y a déjà quelques années", note Annick Sylvestre Baron. Des renforts d’expertise des satellites permettent notamment d’étudier les modifications qui pourraient intervenir lors de ces périodes. Car dans tous les cas, pour un bon nombre de scientifiques, il reste difficile de prédire l’impact exact que peut avoir ce type de phénomènes.