Investir dans une entreprise, non pour des questions de rentabilité financière, mais selon des critères moraux ou d’aide au développement durable : telle est l’idée de l’investissement éthique. En octobre 2001 s’est lancé Novethic à l’initiative de la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Ce site portail fournit des liens vers les gestionnaires, ainsi que de la documentation et des enquêtes journalistiques sur les entreprises et les secteurs économiques. Interview de son président-fondateur, Jean-Pierre Sicard.
Pourquoi avoir créé Novethic ?
D’une part, l’offre et la demande ont du mal à se rencontrer dans ce secteur, car le système de distribution des fonds éthiques est morcelé. D’autre part, il ne suffit pas d’aligner des produits financiers : il faut aussi comprendre le contexte dans lequel évolue une entreprise. C’est pour cela que nous proposons, par exemple, un dossier sur les OGM suivi d’un descriptif des bonnes pratiques en la matière d’OGM. Les médias classiques ne le font pas de manière aussi systématique.
Comment l’investissement éthique a-t-il évolué, et quelle est votre approche ?
Les fonds éthiques ont une origine religieuse - Quakers aux ...tats-Unis, congrégations en France dans les années quatre-vingts. Historiquement, ils ont une connotation morale, et excluent les fabricants d’armes, d’alcool, de tabac. Mais aujourd’hui les nouveaux gestionnaires privilégient une politique de long terme, la gestion des ressources humaines (formation, reconversion), la protection de l’environnement, les relations avec les fournisseurs qui peuvent être entachées de corruption. Quant à nous, nous n’avons pas une approche militante. Nous donnons à voir le marché, en comparant les entreprises au sein d’un même secteur - Total avec BP Shell, par exemple. On (NDLR : Novethic nous demande de préciser que le "on" n’inclut pas Novethic) peut investir dans un marchand d’armes tant que cela ne nuit pas au développement durable. À moins qu’on ait choisi un fonds d’exclusion. Chacun trouve chaussure à son pied.
Faut-il adapter les critères de notation éthique aux sociétés technologiques ?
L’exemple de Dassault Systèmes, qui figure au CAC40 avec seulement 4000 salariés, est intéressant : les critères internationaux de référence s’appliquent difficilement. Les problèmes d’environnement, pour un fabricant de logiciels, ne sont pas les mêmes. On va observer le gaspillage de papier, d’énergie... Il y a 80 % d’ingénieurs : cela implique un regard neuf sur la question sociale. Une nouvelle culture émerge, loin de la culture syndicale classique. Le concept de représentation des salariés se transforme.