Lors de son colloque annuel, une membre de BrailleNet fait le point sur l’association qui rapproche les mal-voyants de la technologie.
Les 28 et 29 avril, l’association BrailleNet tient son colloque annuel, à la Cité des sciences et de l’industrie, à Paris, sous le titre : "Nouvelles technologies pour une société plus accessible".
Catherine Desbuquois est membre de l’association qui aide les mal-voyants à apprivoiser la technologie, détachée par le ministère de la Culture. Elle présente l’avancée des travaux de BrailleNet et les nouvelles problématiques de sa mission.
BrailleNet a dédié la première journée de son colloque à l’éducation et à la culture. Différents travaux ont été présentés, de l’adaptation de l’encyclopédie Hachette au projet open source de classe virtuelle Claroline (contraction de "class-room on line") de l’université catholique de Louvain (Belgique). L’après-midi était consacrée aux démonstrations techniques, parmi lesquelles les visiteurs ont notamment pu découvrir la nouvelle interface braille d’Eurobraille et le traducteur vocal d’IBM.
La seconde journée, mardi 29 avril, est consacrée à l’accessibilité des sites et des services web. Un domaine dans lequel BrailleNet a déjà acquis une solide réputation, en conseillant plusieurs sites gouvernementaux, ainsi que celui du quotidien Le Monde.
Quelle est la mission de BrailleNet ?
Catherine Desbuquois- L’association BrailleNet est une structure de recherche et développement. On ne produit rien. On montre comment l’application des nouvelles technologies est possible dans la vie quotidienne pour faciliter la vie des personnes déficientes visuelles, dans trois domaines principalement : l’éducation, la culture, et l’accessibilité des sites web. Nous sommes donc amenés à travailler avec des industriels, des administrations, des institutions (universités, Inserm...). On élabore des projets à l’échelle européenne, ce qui nous permet de récupérer des subventions.
Comment assurez-vous le suivi concret de toutes les idées et de tous les projets qui ont été présentés lors de votre colloque ?
Le suivi concret, ce sont nos partenaires qui s’en chargent. En tant que structure de recherche-développement, on est toujours un peu en avance sur l’utilisateur, et il y a un gros travail de pédagogie à faire en aval. Pour reprendre le slogan de la Fnac, nous sommes des "agitateurs".
Quelles garanties avez-vous qu’il n’y ait pas de visées commerciales derrière les partenariats que vous nouez ?
Il peut y avoir des visées commerciales, ça ne nous dérange pas du tout. On ne vit pas de l’air du temps : l’accessibilité est un service payant. IBM, qui fait partie de l’association BrailleNet, est une entreprise commerciale qui monnaye ses services [IBM a mis au point le logiciel Home Page Reader, qui propose de synchroniser une voix synthétique sur le curseur de lecture d’une page web, Ndlr]. Il ne faut pas opposer les bons chercheurs et les méchants industriels. La rencontre des deux mondes est saine. Mais il faut que les pouvoirs nous soutiennent et il faut que des sponsors et des mécènes soient à nos côtés ?
Justement, avez-vous senti un "frémissement" des soutiens publics, en cette année européenne du handicap, et après qu’en France Jacques Chirac a déclaré le handicap "grande cause nationale" ?
Je peux difficilement répondre à cette question. On affiche effectivement une volonté politique, ce qui n’est déjà pas si mal. Claudie Haigneré [ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles technologies, Ndlr] a ouvert les débats ce matin, c’est un signe. Reste qu’en termes de budget, je ne sais pas ce qu’il y a derrière. Et pour moi, il n’y a pas de politique sans budget. Il faudrait faire le tour des ministères pour vous répondre précisément. L’année 2003 va peut-être amorcer un mouvement de fond, mais ça ne se verra que dans plusieurs années.
Le site de BrailleNet:
http://www.braillenet.org
Le Web à l’aveugle (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a1153
Un portail pour voir le Net (Transfert.net):
http://www.transfert.net/a1908