Trois chercheurs de la Station Biologique de Roscoff étudient actuellement un substitut à l’hémoglobine humaine produit naturellement par une variété de vers marins. Alors qu’il y a pénurie de donneurs de sang et que les risques de contamination par transfusion ne peuvent être éliminés, cette protéine pourrait un jour remplacer nos globules rouges.
Véritable réseau de transports en commun des organismes pluricellulaires "supérieurs", le sang est un liquide qui a, entre autres fonctions, celle d’apporter aux organes l’oxygène dont ils ont besoin et d’en évacuer le gaz carbonique. C’est la protéine hémoglobine, transportée par les globules rouges (hématies), qui assure ainsi l’acheminement de l’oxygène des poumons et repart avec le gaz carbonique produit par les tissus.
En cas d’hémorragie importante, on doit donc rapidement remplacer l’hémoglobine perdue pour que les organes ne meurent pas de sous-oxygénation. On transfuse alors du sang prélevé sur des donneurs volontaires... et parfois infectés par divers virus et prions plus ou moins décelables tels le virus HIV, ceux des hépatites ou de l’herpés.
Le lombric des sables, un ver solidaire
Avec une hémoglobine produite naturellement par des vers marins, François Lallier, Franck Zal et André Toulmond, membres de l’équipe "Ecophysiologie" de la Station Biologique de Roscoff, pensent qu’on pourrait réduire au minimum le risque de contamination par des agents pathogènes humains. Ils ont ainsi découvert qu’une sorte de lombric des sables sous-marins, Arenicola marina, fabriquait une hémoglobine 50 fois plus grosse mais aussi efficace que son homologue humaine.
Grâce à sa très grande taille, l’hémoglobine d’Arenicola marina ne traverse pas les reins. De plus, elle n’a pas besoin, comme l’hémoglobine humaine, d’être "emballée" dans des hématies. Dite "libre", elle peut être délivrée directement dans le sang. Afin de protéger leur invention, Zal, Lallier et Toulmond avaient déjà fait il y a 3 ans une demande de brevet (N° 00 07031) à l’INPI (*) sur "l’utilisation comme substitut sanguin d’une hémoglobine extracellulaire".
Jusqu’alors, toutes les tentatives de transfusion d’hémoglobine d’une espèce à l’autre avaient échoué en raison de réactions allergiques ou de toxicité de la molécule. Selon ses découvreurs, ce substitut sanguin n’est encore qu’en phase d’essais précliniques, mais les résultats sur la souris sont très encourageants. Les vampires vont devoir se mettre au surimi.
(*) Renseignements nécessaires pour consulter le brevet sur le site de l’INPI :
Source :
Demande de brevet déposée à l’INPI
FR2809624
UTILISATION COMME SUBSTITUT SANGUIN D’UNE HEMOGLOBINE EXTRACELLULAIRE DE POIDS MOLECULAIRE ELEVE
ZAL FRANCK, TOULMOND ANDRE, LALLIER FRANCOIS
Le laboratoire "Ecophysiologie" de la Station Biologique de Roscoff
http://www.sb-roscoff.fr/Ecophy/
L’INPI:
http://www.inpi.fr