Les canards sont porteurs d’une nouvelle souche d’influenza, le virus de la grippe. D’après des chercheurs chinois, une variante du virus aviaire est sur le point de "sauter" à l’homme.
Des microbiologistes de l’université de Hong-Kong ont étudié le génome de plus de 500 variétés de virus influenza collectées sur les marchés de volaille chinois entre 2000 et 2001. Leurs résultats sont publiés dans l’édition de juin du Journal of Virology. Ils ont constaté que des souches hautement pathogènes, infectant habituellement les canards, avaient été retrouvées chez le poulet et le porc.
En passant des canards aux animaux domestiques, par un phénomène d’échange et de recombinaison génétique fréquent dans le monde des virus, des souches aviaires aux propriétés hautement pathogènes ont acquis des gènes leur permettant "d’agripper" les cellules humaines.
Souches "mutantes"
Les chercheurs chinois ont ainsi isolé le sous-type H9N2, très proche de l’influenza responsable de l’épidémie de Hong-Kong de 1997 qui, bien qu’infectant principalement les canards, possède désormais des caractéristiques génétiques qui lui permettraient d’atteindre l’homme.
On pense que ces sous-types hautement pathogènes proviennent de souches d’influenza "mutantes" qui infectaient auparavant d’autres espèces. Notamment les oiseaux, qu’ils déciment avec des taux de mortalité atteignant parfois 100 %. Les modestes épidémies de grippe "du poulet" enregistrées à Hong-Kong en 1997, puis en Hollande cette année, montrent qu’une transmission des volailles à l’homme est possible.
Ces récentes épidémies sont restées limitées dans leurs effets : 83 cas et 1 mort en Hollande, 18 cas et 6 morts à Hong Kong. Heureusement, on n’avait jusqu’alors pas constaté de transmissions interhumaine de ces virus.
Plusieurs épidémies sporadiques et localisées de cette souche ont déjà été enregistrées depuis 1997, et les experts redoutent qu’une variante provoque bientôt une pandémie semblable à la grippe espagnole de 1918, qui avait fait au moins 21 millions de morts à travers le monde.
Virus surentraîné
Si le vaccin contre la grippe change chaque année, c’est parce qu’influenza est un virus qui se modifie en permanence. En fonction des mutations de son génome, et du climat local, les épidémies annuelles sont plus ou moins virulentes.
Toutefois, trois à quatre fois par siècle, l’apparition d’un nouveau sous-type humain provoque une pandémie mondiale. Ce fut le cas en 1918-1920, avec la grippe dite "espagnole", en 1957, avec la grippe "asiatique" et en 1968, avec la grippe de Hong-Kong.
Après l’épidémie de SRAS, dont le virus nous a été transmis par la civette, les auteurs de l’étude du Journal of Virology craignent qu’en continuant d’aller et venir entre les canards et les autres animaux domestiques, un H9N2 "surentraîné" ne s’intéresse un jour sérieusement à notre espèce.
Rapport du groupe de travail de l’AFSSA sur le risque de transmission à l’homme des virus influenza aviaires (2003)
http://www.afssa.fr/dossiers/index....
Characterization of H9 Subtype Influenza Viruses from the Ducks of Southern China: a Candidate for the Next Influenza Pandemic in Humans?
http://jvi.asm.org/cgi/content/abst...