Cette machine de 14 tonnes est devenue une star de ciné. Mais n’irradie pas.
La gammasphère, qui transforme le professeur Banner en un incroyable Hulk, existe bel et bien... Présente dans de nombreuses scènes du film d’Ang Lee, qui sort mercredi 2 juillet en France, cette machine impressionnante est en fait un microscope à rayon gamma que les physiciens utilisent pour observer le noyau des atomes.
Dans le dernier film d’Ang Lee, adapté de la célèbre BD de Stan Lee, c’est à cause d’un dysfonctionnement de la gammasphère qu’un chercheur de l’université de Berkeley, après avoir été irradié, se transforme en géant vert psychopathe dès qu’il frôle la crise de nerfs.
La gammasphère a été developpée par I Yang Lee au Lawrence Berkeley National Laboratory, pour le compte du Department of Energy américain. Ce service fédéral la met à disposition des chercheurs du monde entier. Ang Lee, qui en avait entendu parler, a voulu faire de cette machine un figurant atypique de la nouvelle version de Hulk.
La gammasphère, après avoir été envoyée dans les studios californiens pour être répliquée par les décorateurs, a été replacée dans les locaux du laboratoire national d’Argonne.
Installé à Chicago, ce labo de pointe est spécialisé depuis 1946 dans la recherche nucléaire, aprés avoir été l’un des piliers du projet Manhattan qui aboutit à la la création de la première bombe A en 1945.
Hypersensibilité
Contrairement à sa jumelle de ciné, la véritable gammasphère n’a pas la moindre chance d’irradier qui que ce soit : en effet, cette sphère d’aluminium de 3 mètres de diamètre pesant 14 tonnes sert non pas à émettre, mais à détecter les rayons gamma réfléchis par les noyaux atomiques.
Ce microscope très spécial est percé de 110 trous dans lesquels ont été disposés des détecteur ultrasensibles. Ces derniers, refroidis quotidiennement par un mètre cube d’azote liquide, permettent d’observer les mouvements et les déformations de noyaux atomiques, bombardés par un canon à ions. Dans son usage "normal", la gammasphère est un outil de recherche fondamentale utile aux astrophysiciens, qui déduisent du rayonnement gamma résiduel le contenu du centre des galaxies, et aux physiciens, qui veulent comprendre pourquoi certains noyaux atomiques sont stables et d’autres non. Utilisée depuis 1995, la gammasphère est un des microscopes à rayon gamma les plus sensibles au monde.
La présentation de la gammasphère (Argonne):
http://www.phy.anl.gov/gammasphere/
Le site du Lawrence Berkeley National Laboratory:
http://www.lbl.gov/