Les autoroutes de l’information atteindraient les campagnes plus facilement par les airs
Comment offrir le haut-débit dans les villes et les campagnes sans tirer de nouveaux câbles ou payer une onéreuse connexion satellite ? SkyLinc, une petite société anglaise, pense avoir la solution : les aérostats, soit des ballons sustentés en l’air par de l’hélium. Selon les responsables de l’entreprise britannique, les tests étant concluants, la technologie pourrait être commercialisée dès début 2004.
La solution est économiquement intéressante. Selon SkyLinc, 18 aérostats suffiraient à connecter au haut débit les sièges sociaux de 87 % des PME anglaises. Pour le moment, la petite société qui emploie une dizaine de personnes dispose de douze unités volantes. Elle maintient en fonctionnement deux aérostats dans le Yorkshire, là où se trouve son siège.
1,5 kilomètre d’altitude
En soit, le système de SkyLinc, surnommé Libra (Low cost integrated broadband radio access), n’a rien de nouveau. Il réemploie une technique connue depuis fort longtemps par l’armée américaine. Les aérostats, longs d’une trentaine de mètres, se maintiennent à 1,5 km d’altitude. Ils sont reliés à une base située au sol, par un câble renfermant de la fibre optique. C’est par ce conduit que les informations sont transmises au réseau internet. Il ne reste aux usagers qu’à s’équiper d’un dispositif classique d’antenne parabolique-démodulateur du type de ceux utilisés pour la télévision, pour disposer d’une connexion haut-débit.
Selon SkyLinc, un aérostat couvre une surface de 2 000 miles carré et peut arroser de connexion internet haut-débit jusqu’à 30 000 clients.
Matt Hobby, ingénieur technique chez SkyLinc, promet d’ambitieux avantages : "La connexion haut-débit sera symétrique, ce qui rend l’envoi de données aussi rapides que la réception." Le débit devrait atteindre environ 2 mégabits par seconde, un résultat bien supérieur à celui de l’ADSL ou du câble actuels (512 ou 1024 kilobits).
Le système, qui utilise les fréquences radio mais pas la fameuse norme Wifi, pourrait toutefois, à terme, permettre aux internautes de se connecter via ce standard de plus en plus répandu dans le domaine des connexions sans fil.
Les pirates en deltaplane ?
L’originalité de la technique aérienne développée par SkyLinc l’a obligée à prendre des mesures de sécurité particulières : "Une première sécurité est la laisse, le câble. Nos aérostats sont aussi fiables que ceux des services météorologiques utilisés dans les tempêtes", assure Matt Hobby.
"La position des aérostats sera consignée dans les cartes aériennes de l’Aviation civile. Les avions commerciaux les éviteront tout comme les gratte-ciel" assure l’ingénieur de SkyLinc, avant de concéder que "le problème concerne davantage les avions monomoteurs, les ailes volantes, ou le paragliding, qui volent à basse altitude. Nous avons illuminé la laisse, mais cette mesure ne fonctionne que la nuit."
Pour pallier une éventuelle dégradation de la connexion sans fil dûe aux mouvements des dirigeables, SkyLinc dit aussi avoir mis au point "une plateforme technique qui permet d’optimiser la transmission du signal en fonction de l’inclinaison de l’aérostat."
Des économies mais pas de prix
Avec son système Libra, SkyLinc cible d’abord les populations rurales et les petites entreprises qui veulent une connexion rapide à bas prix. A en croire la société, il pourrait faire réaliser des économies et diviser le prix d’une connexion haut-débit par 10 par rapport aux prix pratiqués au Royaume-Uni ! La société envisage également de proposer son produit aux fournisseurs d’accès.
La société ne donne pour l’instant pas de précisions quant à la structure de coûts de sa technologie ou le prix de ses objets volants. Elle compte présenter ses spécifications à la presse dans une quinzaine de jours.
Enfin, les promesses de Libra, selon SkyLinc, ne seraient pas théoriquement réservées au territoire du Royaume-Uni. "Nous pensons que notre solution s’adapterait à de nombreuses situations de par le monde, avance Matt Hobby. Notre technologie concerne les Amériques, mais aussi l’Europe."