L’Internet corporation for assigned names and numbers (Icann), en charge des noms de domaine, a choisi sept nouvelles extensions qui s’ajouteront aux .net et .com. Leurs conditions d’exploitation ne seront pas connues avant la fin décembre
.aero, .biz, .coop, .info, .museum, .name et .pro : voilà les extensions de noms de domaine qui contribueront a édifier les nouveaux "quartiers" du Web. Elles s’ajouteront aux suffixes déjà existants : .com, .net, .org (accessibles à tous) ; .gov,.mil,.edu (réservés à l’administration américaine) ; et les extensions de pays (comme .fr pour les sites français). Cette décision a été prise dans la nuit du 16 au 17 novembre par l’ICANN (Internet corporation for assigned names and numbers), l’organisme chargé d’organiser la gestion des noms de domaine. L’ICANN, qui avait reçu environ 200 propositions de nouvelles extensions (Lire 200 propositions pour étendre les domaines du Web ) en avait retenu 44 parmi lesquelles elle devait faire un choix lors de son meeting annuel, qui prenait fin le 16 novembre.
Elle en a finalement retenu sept :
.aero, qui s’appliquera au monde de l’aéronautique,
.biz, pour le commerce
.coop devrait regrouper des coopératives
.info devrait être global (comme le .com)
.museum, comme son nom l’indique, sera réservé aux musées
.name concernera les sites personnels
.pro, s’appliquera à des professions réglementées, avec des déclinaisons du type .med.pro pour les médecins ou .law.pro pour les avocats
Départager les ".name"
Bien entendu, il va falloir trouver des critères pour déterminer qui a le droit ou non d’utiliser ces extensions. Par exemple, quel statut juridique permettra à une entreprise de revendiquer un .coop et ce dans le monde entier. Ou comment départager deux Albert Dupont prétendants au albert.dupont.name. Ces règles vont faire l’objet de négociations serrées entre les différents comités de l’Icann et les entreprises retenues pour administrer les bases de données des nouveaux noms de domaine. L’organisme a annoncé que ces normes ne seraient pas opérationnelles avant la fin de l’année, voire le début de 2001.
Un gagnant suspect
Pour Alan Davidson, membre du Centre pour la Démocratie et la Technologie, une association américaine, "c’est la décision la plus importante prise par l’Icann depuis sa création". Et c’est la raison pour laquelle, raconte-t-il, "ce meeting a rassemblé deux fois plus d’argent et deux fois plus de monde que le précédent". Avec une atmosphère des plus tendues, avec des partisans des noms de domaines non commerciaux remontés contre la tournure "business" du processus et des entreprises déçues de ne pas avoir été choisies. "Les perdants n’ont pas hésité à remettre violemment en cause la légitimité de l’Icann", témoigne Alan Davidson. D’autant que certains gagnants ont paru suspects, comme le consortium "Affilias", qui a proposé le .info. Regroupant 19 sociétés, il comprend notamment la société Network Solutions Incorporation, qui détenait jusqu’à l’an dernier un monopole sur les .com, .org et .net. D’aucuns la soupçonnent de vouloir racheter par la suite les 18 autres entités.
Transparence
Michael Froomkin, professeur de droit à Miami, critique pour sa part le manque de transparence de la sélection. "Il faudra trouver un procédé moins artisanal, commente l’universitaire. Cette fois-ci, le comité directeur a refusé des entreprises qui avaient scrupuleusement rempli le cahier des charges imposé alors qu’elle a accepté les propositions de certaines qui avaient oublié de s’y conformer." Beaucoup d’observateurs se demandent avec inquiétude si des efforts en matière de transparence seront entrepris lors des négociations portant sur les règles applicables aux nouvelles extensions de noms de domaines. Un point positif : les membres du comité directeur de l’Icann récemment élus par les internautes participeront - cette fois-ci - à la décision.